lundi 1 juillet 2013

Ramper...

Quand on se promène autour de 1800m d'altitude dans les Alpes, une espèce discrète est presque omniprésente, le genévrier commun nain (juniperus communis nana). De forme rampante et arbustive, il recouvre la plupart des prairies alpines si le sol est suffisament bien drainé. Il forme alors un joli tapis bleu-vert (ou brun-vert suivant la saison) qui pique un peu les chevilles à travers les chaussettes quand on le traverse.
Mais ces arbustes, quand ils se trouvent au contact avec des rochers, forment aussi de très jolis bois morts, fins et élégants.
Ils rampent alors littéralement en formant des courbes complexes et improbables, à tel point qu'il est parfois difficile de suivre la ligne du tronc.
Au debut de cet été, sur un lappiaz de Chartreuse, ces arbustes ont été ce que j'ai observé de plus intéressant pour exprimer à la fois le poids de la neige qui a tout écrasé pendant des mois, et l'adaptation avec élégance aux dures conditions de la montagne de ces genévriers. Les troncs épousent les contours de la roche avec fluidité. On dirait qu'ils glissent plus qu'ils ne rampent.
Parfois, pour une raison ou pour une autre, l'élan se brise et laisse une branche morte en souvenir.









Ce pin à crochets, comme beaucoup d'autres cette année, s'est beaucoup moins bien joué des énormes quantités  de neige accumulées cet hiver. La mortalité a été effrayante cette année chez cette espèce, non seulement à cause de l'écrasement dû au poids de la neige mais aussi  à cause de ce champignon noir qui se développe sous la neige et qui a littéralement brûlé  les aiguilles des pins.

Il est étonnant de constater que c'est justement justement ce qui contraint et déforme ces genévriers qui les protège en même temps et leur permet de passer l'hiver sans être détruits par le gel et le vent.
Cette espèce s'est simplement parfaitement adaptée à la vie dans cet environnement difficile. La neige n'est pour elle ni complètement destuctrice ou complètement protectrice. Elle est simplement une donnée avec laquelle la plante doit composer.
Ainsi, rien n'est vraiment mauvais ou bon dans la nature. Elle se situe au delà. Par delà le bien et le mal?